Portrait de l'Association pour le Rayonnement de la Chapelle de la Sorbonne

Entretien avec Mathias Beauvois, étudiant en histoire, Paris 1 Panthéon-Sorbonne & Raphaël Papion, étudiant en histoire de l'art, école du Louvre. L'ARCS a pour objet de mener une action culturelle et matérielle pour mettre en valeur l'intérêt historique, artistique et culturel de la Chapelle de la Sorbonne. 

1) Pouvez-vous présenter votre association et vos actions ?

L'Association pour le Rayonnement de la Chapelle de la Sorbonne est une association créée par des étudiants de la Sorbonne et d'autres universités parisiennes. Nous partageons tous un attachement au patrimoine français et une déception due à l'inaccessibilité de la Chapelle, lieu emblématique de notre chère université.

Bien qu'elle soit ouverte tous les ans pour les journées du patrimoine, elle demeure malheureusement fermée le reste de l'année. Ce sont autant de jours où des œuvres d'art et un pan de notre histoire ne peuvent être contemplés à leur juste valeur.

En partant de ce constat, l'A.R.C.S. se porte volontaire pour favoriser la réhabilitation et les travaux nécessaires à l'ouverture de la Chapelle au public, en agissant auprès de la Ville de Paris, propriétaire du bâtiment. Nous comptons d'ores et déjà sur la bonne volonté de la mairie du 5ème arrondissement ainsi que de la Chancellerie des Universités de Paris, soucieuses de l'état de la Chapelle et qui veulent la voir revivre.

Parmi nos membres, nous comptons une centaine d'étudiants prêts à mettre leurs compétences diverses au profit de la réouverture de cette Chapelle. Nous sommes aussi aidés par de nombreux professeurs qui nous aident à assurer la qualité de notre entreprise.

Une fois les travaux réalisés, avec l'aide de nombreux historiens, historiens de l'art, musiciens, musicologues, étudiants et tant d'autres amoureux de la Chapelle, nous désirons plus que tout faire rayonner - à travers la France et le monde - les trésors qu'elle renferme. Pour cela, nous organisons d'ores et déjà des conférences et des concerts, et espérons un jour organiser des visites pour le plus grand nombre !

Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux et aidez-nous à entreprendre la réouverture tant intellectuelle que physique de la Chapelle de la Sorbonne !

2) La Chapelle de la Sorbonne, qui abrite le tombeau du Cardinal de Richelieu, nécessite des travaux importants pour la préserver ; pourquoi et comment entendez-vous œuvrer pour sa sauvegarde et réouverture ?

Le Cardinal de Richelieu devint proviseur du collège de Sorbonne en 1622 et entreprit des travaux d'envergure pour transformer le bâtiment médiéval et éclectique de la Sorbonne en un bâtiment bien plus moderne. Il fit construire cette imposante chapelle dans laquelle il demanda à être enterré. La Chapelle reste un vestige de cette ancienne Sorbonne qui fut totalement remodelée au XIXe siècle, c'est pourquoi il s'agit d'un trésor à préserver et mettre en valeur.

Des travaux ont eu lieu en 2008 qui ont pu consolider l'édifice chambranlant et empêcher d'autres infiltrations. Néanmoins les intérieurs n'ont pas du tout été restaurés, ni les fresques du XIXe, ni les médaillons de Philippe de Champaigne. On estime à plus de 10 millions le coût des travaux, sans compter la restauration de l'orgue de facture Dallery (1825) qui n'est retenu plus que par un échafaudage, et ce depuis plusieurs années.

Pour ce faire, nous travaillons de concert avec la Chancellerie des Universités de Paris, affectataire de la Sorbonne, et la Ville de Paris pour que des études soient menées au plus vite et que des travaux sérieux puissent enfin être entrepris. Nous avons besoin que la communauté artistique et patrimoniale française se mobilise autour de ce beau projet, projet qui est pour la transmission du savoir au plus grand nombre.

3) Pouvez-vous rappeler l'importance de ce lieu et l'historique de la Chapelle ?

La chapelle conserve en son sein de multiples trésors. Son architecture relève de l'inspiration italienne : son plan centré remplace le plan traditionnel de la croix latine, tandis que la croisée du transept est surmontée par une double coupole sur un tambour à huit fenêtres, élément qui n'est pas sans rappeler l'église Saint-Paul-Saint-Louis, aussi édifiée par Jacques Lemercier une dizaine d'années auparavant et considérée comme la première église à coupole en France. La chapelle de la Sorbonne s'inscrit donc dans une parfaite continuité avec cette dernière et annonce ce qui se fera par la suite avec François et Jules-Hardouin Mansart pour l'église du Val-de-Grâce ou encore la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides.

La chapelle présente aussi un intérêt pour les œuvres qui y sont conservées. Citons, par-exemple, les médaillons des pendentifs réalisés par Philippe de Champaigne représentant les pères de l'Eglise, ces derniers sont, sans doute, les premières fresques religieuses de Champaigne, avant même son travail pour Port-Royal. La sculpture est aussi bien représentée avec le monument funéraire du Cardinal de Richelieu, chef-d'œuvre de Girardon qui porte la typologie du gisant à demi-allongé à son acmé. Le monument du 5ème duc de Richelieu est tout aussi intéressant, datant du début du XIXe s., il est un parfait témoignage du tournant stylistique qui s'opère entre la seconde moitié du XVIIIe s. et la première moitié du XIXe s.

Plus qu'une église classique, la chapelle Sainte-Ursule de la Sorbonne se distingue par le témoignage architectural qu'elle nous livre mais aussi par les trésors artistiques qu'elle renferme. Cette illustre chapelle est aussi une sépulture : une partie de la maison des Du Plessis de Richelieu y est enterrée ainsi que les résistants morts en Sorbonne pour défendre leur Patrie.

Liens : 

Contacts & réseaux sociaux de l'ARCS : https://lamatricecarree.com/associations/arcs/