Portrait du Mouvement des Étudiants Juifs Français (MEJF), entretien avec Aurélien et Eli

02/04/2024

En 2023, le MEJF émerge suite au manque de représentativité des institutions juives "officielles" et aux pogroms du Hamas du 7 octobre. Ils organisent des événements culturels et intellectuels, défendent une identité française et juive, sioniste et patriote.

Site internet : https://mejf.org

1) Pouvez-vous présenter le MEJF et les motivations qui ont amené à sa création en 2023 ?

C'est d'abord la rencontre entre les deux fondateurs à la synagogue de Paris. On s'est rendu compte au fil de nos discussions qu'il existait un fossé entre les institutions juives et la réalité de ce qui était vécu ou ressenti par des personnes rencontrées sur notamment la nature et l'origine de l'antisémitisme en France. Un fossé entre le Consistoire, le Grand Rabbin de France, Judaïsme en mouvement, le CRIF et l'UEJF qui bénéficie d'un prestige historique (création en 1944 avec la résistance) et les discours des nombreux juifs français. Ces institutions veulent exclusivement dénoncer l'antisémitisme de droite en occultant le rôle de la gauche radicale ou même encore celui de l'islam. Aujourd'hui, l'antisémitisme vient essentiellement d'une partie de la communauté musulmane et de l'extrême gauche, il existe pour eux un « racisme religieux envers le juif » (par exemple la dhimmitude envers le juif ou le chrétien). A cela, il faut ajouter l'insertion du conflit israélo-palestinien (ou israélo-arabe pour certains) avec la gauche traditionnelle qui s'est ralliée à cette gauche radicale sur une vision dominant/dominé où le juif est le « colon blanc » qui tyrannise l'arabe. Or ces personnes ne voudront jamais que le juif soit libre mais qu'il soit mort malgré toutes les solutions de paix possibles proposées.

Tout cela n'est pas suffisamment dénoncé les institutions juives classiques du judaïsme en France, alliés à une classe politique de gauche ou centriste qui laisse installer le laxisme sur cet antisémitisme par peur.

Ensuite, nous avons voulu aussi développer l'aspect intellectuel chez les jeunes juifs dans la continuité du courant du « franco-judaïsme » (exemple de Georges Mandel). Nous allons à cet effet inaugurer prochainement un cycle de conférences géopolitiques en commençant par ce qu'est le sionisme de Jabotinksy (qui est la figure qui a créé le sionisme révisionniste). Enfin, on entend réaffirmer fortement l'attachement des juifs à la France à la différence de l'UEJF. Ce sont là les principales raisons qui nous ont amené à fonder le MEJF, considérant aussi qu'il était impossible de changer les choses de l'intérieur à l'UEJF.

2) Comment le MEJF compte-t-il s'insérer dans le paysage universitaire français et qu'est ce que vous différencie d'autres organisations comme l'UEJF ?

Contrairement à d'autres organisations comme l'UEJF qui s'inscrit clairement dans le giron de la gauche (du moins pour ces dirigeants) et que beaucoup de jeunes juifs connaissent par leur réputation et leurs évènements, notre approche est différente. Tout d'abord, dans la terminologie : « Mouvement » et non « Union ». Nous n'avons pas vocation à rassembler tout le monde et encore moins parler au nom de tous les juifs. Ensuite, entre « de France » (UEJF) et « Français » (MEJF), nous considérons que le terme choisit par l'UEJF ne témoigne d'aucune volonté de préserver une identité française. A l'inverse, au MEJF, nous sommes conscients que la France et le judaïsme ont une longue histoire en commun. Le judaïsme était en effet la première religion à apparaître en Gaule romaine. Ensuite, sur notre fonctionnement interne. Le MEJF a vocation être une organisation où les dirigeants seront élus démocratiquement tandis que l'UEJF pratique un « suffrage censitaire électoral » avec parfois un vote loin de Paris, l'impossibilité de pluralité de listes, c'est un peu un système d'élection soviétique en réalité.

D'autre part, nous tenons à réaffirmer notre attachement à la France. On se considère « sionistes et patriotes » un peu comme le consistoire qui a pour slogan « religion et patrie ». L'UEJF a, à l'inverse, un positionnement douteux quant au sionisme. Ils ont par exemple rencontré les représentants de l'OLP ou encore ceux de l'autorité palestinienne en France. Ce n'est pas étrange avec leurs accointances avec SOS Racisme. On peut considérer qu'ils ont le « sionisme discret » pour ne pas en réalité froisser une partie de la gauche.

Concernant les élections étudiantes, le MEJF n'a pas vocation à se présenter dans les facultés mais plutôt à développer des sections sur les campus. Nous voulons avant tout rehausser le niveau culturel et intellectuel et aider les étudiants juifs dans les procédures universitaires. Ainsi, on commence à intervenir dans la presse et sur les réseaux sociaux (et cela va aller en se développant), on organise des actions militantes (par exemple dernièrement un collage à Sciences Po), des évènements religieux (repas de Shabbat) et surtout régulièrement des évènements culturels : des classes d'hébreu (Oulpan), des cours de Krav maga, des soirées festives, des conférences ou d'autres rencontres. Enfin, nous avons un aspect mémoriel très important, nous souhaitons travailler avec le mémorial de la Shoah ou le Souvenir Français et allons prochainement intervenir dans des écoles pour transmettre cette mémoire.

3) Vous mettez en avant le fait d'être « juifs et patriotes » sur votre site, qu'est-ce que cela signifie pour vous aujourd'hui et avec qui dialoguez-vous ?

Au MEJF, nous avons vocation à dialoguer avec tous le monde. Nous ne refusons aucuns débats à la différence de l'UEJF qui veut clairement combattre « l'extrême-droite ». Nous souhaitons organiser des débats ouverts afin de parler des enjeux de la jeunesse juive. Nous nous inscrivons clairement dans ce noble courant du franco-judaïsme ce que vous pouvez retrouver dans notre tribune publiée le 5 février dernier dans Valeurs Actuelles : https://www.valeursactuelles.com/societe/le-mouvement-des-etudiants-juifs-francais-est-ne

Certains juifs ont malheureusement peurs de disparaître lors d'un mariage avec la France. Or être patriote c'est défendre une même essence. Le judaïsme a pour priorité la transmission comme on le retrouve dans la fête de Pâques (Pessah). Le judaïsme n'est pas prosélyte et ne demande pas l'abandon d'une identité mais au contraire prône l'acceptation des cultures. Il y a une réelle cohérence entre la tradition millénaire juive et la fierté de l'identité Française.

Portrait chinois du MEJF

  • Un/des personnage(s) historique(s)/politique(s) inspirant(s) ? Jabotinsky ainsi que Napoléon Ier et Napoléon III
  • Un livre ou un auteur : « La promesse de l'aube » de Romain Gary
  • Une devise ou citation : Religion et Patrie
  • Un plat favori : Gefilltefish
  • Un film : Rabbi Jacob
  • Un pays où vous voudriez vivre autre que la France : Israël
  • Une période historique : Pas une en particulier, les juifs ont toujours su s'adapter à travers l'Histoire
  • Un lieu inspirant : la Grande synagogue de Paris
  • Une rencontre marquante : la rencontre « inaugurale » des deux fondateurs à la synagogue qui a lancé le mouvement
  • Une musique ou un artiste : Klezmer
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer